Comment TotalEnergies explore les voies de production de carburants durables en France

L’Usine Nouvelle du 16 mai
Avant la mise en service en 2025 de sa bioraffinerie de Grandpuits qui sera dédiée aux carburants aériens durables (CAD ou SAF en anglais), TotalEnergies tente de répondre à la demande des compagnies aériennes avec ses sites de La Mède, Oudalle, Bordeaux et Normandie. Mise en service en 2019, la bioraffinerie de La Mède, dans les Bouches-du-Rhône, produit 500 000 tonnes de biodiesel par an à partir d'huiles végétales et de cuisson. « Le procédé HEFA (Hydroprocessed Esters and Fatty Acids) est aujourd’hui le seul procédé industriellement disponible et à coût accessible en attendant le développement des e-fuels », explique Valérie Goff, la directrice business unit biocarburants et carburants de synthèse. Contrairement aux américains, l’Europe veut des carburants aériens durables de 2ème génération (2G), qui n’entrent pas en compétition avec les cultures alimentaires et ne posent pas de problèmes de déforestation, comme ceux à base d’huiles végétales (1G) utilisées pour le biodiesel. Ils ne doivent utiliser comme matière première que des résidus ou des déchets agricoles ou agroalimentaires, voire de cultures intermédiaires. Mais les filières de collecte ne sont pas totalement organisées. « Et les volumes disponibles ne sont pas non plus énormes », constate Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies. Ils seraient de l’ordre de 10 000 et 15 000 tonnes par an en France, de plusieurs dizaines de milliers de tonnes au niveau européen et pourraient, au mieux, atteindre de 7 à 10 millions de tonnes en 2030 en Europe et 40 millions de tonnes dans le monde, selon les estimations du finlandais Neste. En attendant, « on ne sait pas fabriquer du 2G aujourd’hui à échelle industrielle. Ce qu’on sait faire de plus en plus, c’est ce que j’appelle du 1G+, qui consiste à utiliser des huiles usagées et des graisses animales et à éviter les huiles végétales », reconnaît Patrick Pouyanné. TotalEnergies a décidé d’utiliser le procédé HEFA dans sa nouvelle bioraffinerie de La Mède, dédiée au biodiesel et mise en service en 2019, afin de réutiliser les unités de raffinage classiques. Ainsi la raffinerie transforme des huiles en biodiesel, mais pas en SAF. Les huiles nettoyées subissent des procédés de catalyses classiques du raffinage, dans des équipements adaptés aux caractéristiques chimiques et métallurgiques des huiles. En attendant, TotalEnergies explore sur sa raffinerie de Gonfreville-l'Orcher, la voie du coprocessing HEFA. Cette technique permettrait d'incorporer des huiles usagées dans le pétrole au cours du process de raffinage et de produire davantage de SAF.