« L'industrie fait face à des surcoûts impossibles à surmonter » : entretien avec Eric Trappier (UIMM)

La Tribune du 30 septembre
Eric Trappier, président de l'UIMM (Union des industries et des métiers de la métallurgie) et PDG de Dassault Aviation, accorde une interview à La Tribune, à l’occasion de sa visite à Bordeaux sur les sites de formation de la Maison de l'industrie. Il aborde les inquiétudes suscitées par la crise énergétique : « La flambée des prix de l'énergie place les entreprises industrielles face à des surcoûts impossibles à surmonter. C'est le sujet numéro un de préoccupation de nos PME partout en France ». En ce qui concerne la supply chain aéronautique, « on a conservé la cellule de vigilance créée pendant le Covid pour vérifier qu'il n'y a pas d'écroulement de la chaîne de sous-traitant. Par ailleurs, le fonds de soutien de près d’1 Md€ mis sur pied pendant la Covid nous permet aussi de pouvoir mobiliser au total 2 Md€ pour soutenir les entreprises qui ont le plus de difficulté ». Mais pour d’autres filières industrielles, « il faut un bouclier tarifaire pour protéger les entreprises sinon il y a un vrai risque de casser la dynamique de réindustrialisation ». Chez Dassault Aviation, « On a sécurisé la chaîne d'approvisionnement, notamment le titane […] nous avons réussi à augmenter la cadence de production des Falcon et à tripler la cadence de fabrication des Rafale. On était en 2020 en capacité de construire un Rafale par mois et nous sommes aujourd'hui à trois par mois. C'est la preuve que nous savons répondre à la demande d'une économie de guerre », se félicite-t-il. « Notre industrie est encore à risque dans la compétition mondiale. Il y a une vraie prise de conscience de l'importance de l'industrie, il faut mesurer cet effort dans la durée. On a de vrais atouts : une bonne main d'œuvre et des savoir-faire anciens et modernisés dans des secteurs qui fonctionnent bien tels que l'aéronautique, l'automobile, l'électronique. On a aussi le meilleur système social du monde mais aussi le plus cher donc il faut pouvoir se le payer en gagnant en compétitivité. Pour cela il faut amplifier le soutien à l'innovation et la baisse de la fiscalité de production », conclut le dirigeant.