Ariane 5 décollera pour la dernière fois vendredi 16 juin à Kourou

Ensemble de la presse du 15 juin
La 117ème et dernière fusée Ariane 5 décollera pour la dernière fois vendredi 16 juin au soir depuis Kourou en Guyane française, et embarquera un satellite de communications militaires français (Syracuse 4B) et un satellite expérimental allemand. Un ultime décollage « chargé d'émotion » pour les équipes du Centre spatial guyanais (CSG), a confié la directrice du Centre, Marie-Anne Clair. Après des débuts difficiles, Ariane 5 a enchainé les succès. La fusée a ainsi gagné une telle réputation de fiabilité que la NASA lui a confié l'envoi de son emblématique télescope James Webb, d'une valeur de 10 Md$. Elle aura aussi envoyé les sondes Rosetta sur la comète Tchouri en 2004 et Juice vers Jupiter en avril 2023. Sur le plan commercial, elle a été « le fer de lance de l'Europe spatiale », souligne Daniel Neuenschwander, directeur du transport spatial de l'agence spatiale européenne (ESA). 12 pays ont participé à la fabrication du lanceur lourd qui a pris le relai d'Ariane 4, avec une capacité de lancement doublée : un avantage compétitif qui a permis à l'Europe de s'imposer sur le marché des satellites de communication. Aujourd’hui, l’Europe se retrouve quasiment privée d'accès indépendant à l'Espace, à cause de la fin brutale de l'exploitation des fusées russes Soyouz. L'activité de la base de Kourou a sensiblement diminué, seuls 6 tirs sont partis en 2022, contre 15 l'année précédente. L'échec du premier lancement commercial du lanceur léger italien Vega C, en décembre 2022, et les retards pour la future Ariane 6, ont aggravé la situation : après vendredi, il ne restera plus qu'un lancement de Vega en septembre, et un probable retour en vol de Vega-C en fin d'année, avant les débuts d’Ariane 6, prévus pour la fin de l’année 2023. Plus puissante et plus compétitive avec des coûts divisés par deux par rapport à Ariane 5, Ariane 6 a été conçue pour résister à la concurrence sur le marché des lanceurs, dominé par l'américain SpaceX. Et le carnet de commandes est déjà rempli. D'ici là, les équipes à Kourou « prennent leur mal en patience », dit la directrice du CSG, qui prévoit une baisse d'effectifs d'environ 190 personnes sur 1600. La pause est mise à profit pour le plan de rénovation et de verdissement de la base, et pour les essais pour la qualification d'Ariane 6. Dans 2 semaines, le moteur Vulcain sera allumé sur son pas de tir, une étape majeure attendue avec impatience.