« Ecotitanium ne fonctionne encore qu'à 20% de sa capacité », explique Bruno Durand, président d'Aubert & Duval

L’Usine Nouvelle du 18 juillet
Ecotitanium, l'usine de recyclage du titane pour l'aéronautique d'Aubert & Duval, située à Saint-Georges de Mons, dans le Puy de Dôme, connaît encore des difficultés opérationnelles. Le nouveau président du groupe métallurgique, Bruno Durand, explique dans une interview à L'Usine Nouvelle se donner 3 ans pour la redémarrer, alors que les grands groupes aéronautiques et de défense cherchent à réduire leurs dépendances au titane russe. La plupart des pièces en titane étaient réalisées par le russe VSMPO, qui dispose d’une forge équivalente, essentiellement des pièces pour train d’atterrissage. « Nous avons déjà livré 3 pièces la semaine dernière », note Bruno Durand. Ecotitanium fabrique des lingots avec des copeaux de titane, à hauteur de 70% environ et d’éponges de titane. Une technologie appelée PAM, qui utilise un flux de plasma pour faire fondre le métal, est alors utilisée. Il ne reste plus qu’à disposer des copeaux et d’une bonne maîtrise du processus. L’usine, qui a été mise sous cocon pendant la crise du Covid, a connu des pertes de compétences. « Les besoins en titane de l’industrie souveraine en France représentent environ 2 500 tonnes, donc nous pouvons jouer un rôle sur cet enjeu de souveraineté. Mais pourra-t-on remplacer les 40 000 tonnes produites par VSMPO ? Non, les volumes n’ont rien à voir. Au total, nous avons une capacité de production avec UKAD de 5 000 tonnes de billettes, entre les lingots achetés au Kazakhstan et ceux d’Ecotitanium », précise le dirigeant. Par ailleurs, si la majorité des approvisionnements vient du recyclage, la plupart des déchets part aux Etats-Unis. « Nous sommes en train de nous mettre d’accord avec Safran et Airbus » assure Bruno Durand, qui souhaite produire exclusivement pour des « industries de souveraineté ». Les matériaux du futur sont liés à la décarbonation et à la souveraineté. Ecotitanium possède un contrat avec Safran et la DGA afin de développer de nouveaux alliages pour les moteurs du futur. « Nous voulons nous développer sur les métaux pour les roulements et les transmissions. Il y aura 2 à 3 fois plus de roulements dans les nouveaux moteurs d’avions, donc il faudra des alliages avec une très forte résistance en surface » explique-t-il.