Entretien avec Olivier Andriès, directeur général de Safran

La Tribune Dimanche du 2 juin
Olivier Andriès, directeur général de Safran, accorde une interview à La Tribune Dimanche. Il évoque le partenariat du groupe avec General Electric (GE) dans leur filiale commune CFM International, les ambitions du programme Rise, ainsi que les perspectives industrielles pour les années qui viennent. « Nous sommes dans une situation étonnante : la demande n'a jamais été aussi forte dans le domaine civil comme militaire et l'offre n'a jamais été aussi fragilisée. La filière aéronautique a dû encaisser des chocs successifs : la Covid, puis l'invasion de l'Ukraine, le choc énergétique, le choc inflationniste... Des chocs qui ont secoué toute l'industrie. Cela devrait aller mieux au cours de 2025 ». Au regard du contexte géopolitique, la relocalisation des productions en France afin de sécuriser les approvisionnements représente « un sujet stratégique, pour lequel nous avons un plan de résilience de la supply chain pour l'ensemble du groupe. Il s'inspire de ce que nous avions fait pour le moteur Leap. C'est-à-dire éviter les points de défaillance unique, avec des politiques de double source. De même, il faut anticiper ce qui peut arriver en termes géopolitique et se préparer à des chocs futurs ». En ce qui concerne le SCAF, Olivier Andriès précise : « Aujourd'hui, nous devons préparer la phase 2 du programme qui est la phase de démonstration. Idéalement, il faudrait qu'elle soit décidée d'ici à la fin de l'année pour éviter les incertitudes créées par les élections en Allemagne (en 2025, ndlr) sur ce programme ». Au sujet de la production des bombes AASM, dont certains stocks issus des armées ont été cédés à l'Ukraine, le dirigeant précise : « Aujourd'hui, nous sommes capables d'en produire à peu près 90 par mois. Ce qui est très au-dessus de ce que nous livrons actuellement. Nous sommes prêts à le faire. Il faut simplement que l'État nous demande de le faire ». « Il y a également un domaine où nous vivons en économie de guerre : les moteurs de missiles », ajoute le dirigeant. « Nous avons de très fortes commandes de la part des pays d'Europe du Nord, notamment les Suédois et les Norvégiens. C'est pour cela que nous avons décidé d'investir quelques dizaines de millions d'euros à Toulouse pour augmenter la capacité de ce site ».