Focus sur le rebond de Daher après la crise

Challenges du 20 juin
Deux ans après le début de la crise sanitaire, Daher prévoit 1,3 Md€ de ventes cette année, un montant supérieur à celui de l'avant-crise. L’industriel anticipe même un millier de recrutements cette année, dont 800 en France. « Le prochain objectif est d'atteindre 1,5 Md€ de chiffre d'affaires dès l'année prochaine, par un mélange de croissances interne et externe. » résume Didier Kayat, directeur général du groupe, qui a achevé de rembourser son prêt garanti par l'Etat (170 M€) en mai dernier, et sécurisé dans la foulée un financement de 180 M€. L’industriel a également lancé sa première opération post-crise sanitaire, en rachetant une usine de sous-ensembles d'avions à l'américain Triumph Group, à Stuart (Floride). Pour rebondir, Daher a d'abord pu compter sur un positionnement diversifié, mais il a également une grosse activité logistique : il gère les flux de pièces des sites Airbus et Airbus Helicopters en France, en Allemagne et aux Etats-Unis. Il a aussi une troisième activité, celle de fabricant d'avions à hélices. Cette présence dans les services, à travers les activités de logistique, et sur la construction de petits avions est assez unique sur le marché et leur permet de mieux appréhender les attentes des clients et de mieux amortir les crises par rapport à des fournisseurs d'aérostructures. L'autre force de Daher, c'est sa culture d'ETI industrielle à l'allemande. Non coté en Bourse, détenu à 80% par la famille Daher et à 20% par Bpifrance, le groupe peut viser à long terme. Il a investi à perte pendant des années pour devenir un leader mondial des composites thermoplastiques, des matériaux de haute technologie embarqués sur les long-courriers de dernière génération (B787, A350). Le groupe a aussi su nouer des relations de confiance avec les syndicats. Durant la pandémie, le plan de sauvegarde de l'emploi a été signé par les cinq organisations représentatives (CFDT, CFE-CGC, CFTC, FO, CGT). Daher avance aussi sur le sujet de la décarbonation de l'aviation. Il boucle le développement, en partenariat avec Airbus et Safran, d'un démonstrateur de petit avion hybride baptisé EcoPulse. Assemblé à Tarbes, l'appareil devrait entamer ses premiers essais en vol à la fin de l'année. Doté de six moteurs électriques installés tout au long des ailes, il pourrait préfigurer les futurs avions décarbonés du groupe français.