Guerre en Ukraine : la finance renoue avec l’industrie de l’armement

Le Monde du 2 avril
La guerre en Ukraine a modifié l’attitude du monde de la finance à l’égard des industriels européens de la Défense. Le groupe bancaire suédois SEB - qui avait décidé en 2021 que tous les fonds gérés par SEB Investment Management renonceraient à investir dans des entreprises tirant plus de 5% de leurs revenus de l’industrie de l’armement - a décidé d’autoriser, à partir du 1er avril 2022, plusieurs de ses fonds à investir dans le secteur de la Défense. Ces investissements « sont d’une importance capitale pour soutenir et défendre la démocratie, la liberté, la stabilité et les droits de l’homme », estime désormais SEB. La banque allemande Commerzbank a elle aussi annoncé vouloir flécher des capitaux vers l’industrie de l’armement. En France, les industriels de la Défense alertent depuis deux ans sur les difficultés croissantes qu’ils rencontrent pour financer leur activité. « L’invasion de l’Ukraine change la donne », affirme Guillaume Muesser, Directeur des Affaires Economiques et de Défense du GIFAS. « Elle montre que la guerre est toujours présente, à nos portes, et que l’industrie de la Défense est très utile : sans elle, l’Europe aurait eu du mal à soutenir les Ukrainiens. » « On peut espérer que les banques adoptent une attitude plus compréhensive à notre égard depuis la guerre en Ukraine », ajoute Jean-Marc Duquesne, délégué général du GICAT. La « boussole stratégique », adoptée le 24 mars par les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, précise qu’il faudra « veiller à ce que les politiques horizontales de l’UE, telles que les initiatives en matière de finance durable, restent cohérentes avec les efforts déployés par l’UE pour faciliter l’accès suffisant de l’industrie européenne de la Défense au financement et à l’investissement publics et privés ».