La commande d'avions américains F-35 de Berlin soulève des questions sur le franco-allemand

Les Echos du 14 mars
L'Allemagne, qui hésitait sur la manière de renouveler sa flotte d’avions Tornado, a tranché. Berlin devrait acheter 35 avions de chasse F-35 de Lockheed Martin. La ministre de la Défense, Christine Lambrecht, a confirmé la commande, et tenté de rassurer ses partenaires européens sur la volonté de Berlin de poursuivre le programme du Système de combat aérien du futur (SCAF), en coopération avec la France et l'Espagne. Par ailleurs, elle a aussi rassuré Airbus et ses partenaires de l'Eurofighter (BAE et Leonardo) en promettant la commande d'une quinzaine de nouveaux Eurofighter dotés de capacités renouvelées en matière de guerre électronique. Le député d'opposition CSU Rheinardt Brandl a déclaré : « Nous ne devons pas perdre la capacité de construire des avions de chasse en Europe. C'est pourquoi nous nous étions délibérément prononcés contre le F-35 ». Mais les menaces nucléaires russes ont changé la donne outre-Rhin, et le chancelier Olaf Scholz a finalement cédé en faveur du F-35, tout en rassurant sur la priorité que constitue le SCAF. L’obligation, pour les Etats membres de l’OTAN, d’assurer le transport des capacités nucléaires américaines est devenue pour Washington une formidable machine pour vendre ses propres avions et imposer le F-35 de Lockheed Martin. Dotée de sa propre dissuasion nucléaire, la France ne participe pas à la mission nucléaire de l’OTAN. L'Eurofighter en fait les frais, de même s’agissant de l’accès de Dassault Aviation au marché européen. Avec l'Allemagne, dix pays européens seront équipés de F-35 : Finlande, Belgique, Danemark, Italie, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Royaume-Uni et Suisse.