La startup Pangea développe un moteur spatial universel réutilisable

Le Figaro du 21 novembre
Pangea, une startup franco-espagnole installée à Barcelone et à Toulouse, estime que le modèle de grands groupes aéronautiques concentrés sur le design et l’assemblage des avions, comme Airbus et Boeing, confiant de grands sous-ensembles à des partenaires, va peu à peu s’imposer dans l’industrie spatiale, dans le cadre d’un nouveau partenariat entre constructeurs historiques et nouveaux acteurs du New Space. La startup née en 2018 prépare cette révolution, avec l’ambition de devenir « la Rolls-Royce du secteur spatial », selon l’expression d’Adria Argemi, cofondateur et PDG. Pangea a développé un moteur réutilisable jusqu’à 10 fois et universel. Baptisé Arcos, ce moteur-fusée pourrait remplacer le moteur Vulcain qui fait décoller Ariane 6, le réacteur réallumable Vinci, qui propulse le second étage, et même l’APU, le moteur auxiliaire. Il promet une réduction des coûts de 40% à 50% par tir et une efficacité améliorée de 15% à 20% par rapport à la poussée des moteurs classiques. La startup a retravaillé le concept des moteurs Aerospike de la NASA, et développé une technologie propriétaire, afin de concevoir un moteur-fusée à bas coût réutilisable, le premier, dont la chambre de combustion est fabriquée par impression 3D, en partenariat avec le spécialiste espagnol Aenium. Pangea a obtenu une 1ère validation de sa technologie par l’Agence spatiale européenne (ESA), lors d’essais menés en 2021 avec le DLR, l’agence spatiale allemande. Dans le cadre d’un contrat signé avec le Centre national d’études spatiales (CNES), le jeune motoriste développe un second modèle plus puissant, d’une poussée de 100 tonnes. La société coopère aussi avec des acteurs privés, notamment Thales, Sener ou encore ITP aéro. Le projet de Pangea a été soutenu par des fonds publics (Bpifrance) et privés à l’instar de l’italien Primo Space et de l’américain Earth2Mars Capital. Elle prépare une nouvelle levée de fonds de 15 M€ pour financer la fin des essais au sol et la pré-industrialisation de son moteur dans un site à Barcelone et des sous-systèmes à Toulouse, en 2025. Le 1er vol de qualification est prévu en 2026 avec un mini lanceur.