Les constellations de satellites deviennent un enjeu politique

Le Monde du 7 juin
Le rôle joué par Starlink dans la guerre en Ukraine a mis en valeur le potentiel énorme des constellations de satellites. Le secteur des télécoms s’interroge sur ce nouveau mode de connexion à Internet, qui, comme Starlink, promet de connecter tout le globe grâce à des milliers de satellites gravitant en orbite basse autour de la Terre, alors que les constellations pourraient passer de 1,5% à 10% ou 12% du trafic web mondial d’ici à 2030. Starlink, déjà présent dans 32 pays, est la pointe avancée de ce nouveau segment : l’entreprise a déjà lancé 2 400 de ses 36 000 satellites et revendique 400 000 abonnés. La France vient d’être ajoutée sur la carte, le régulateur des télécoms venant de donner son feu vert le 2 juin. L’indo-britannique OneWeb, qui a mis sur orbite 428 engins, opère dans une partie de l’hémisphère Nord et le projet d’Amazon, baptisé « Kuiper », n’a encore envoyé aucun de ses 3 326 satellites dans l’espace, mais prévoit de le faire d’ici à cinq ans avec 83 lancements, notamment de fusées Ariane. Des partenariats se nouent de plus en plus avec les opérateurs télécoms traditionnels, notamment pour mieux couvrir les zones rurales. Starlink s’est par exemple vu accorder par l’administration de Joe Biden 885 M$ de subventions pour couvrir 35 Etats ruraux américains. Orange a connecté son réseau d’Afrique de l’Ouest à la constellation de SES, et au Burkina Faso, le groupe français veut tester, avec la startup américaine AST SpaceMobile, un service par satellite accessible grâce à un téléphone mobile. Patrick Drahi, propriétaire de SFR et premier actionnaire de BT, avait tenté en septembre 2021 d’acheter l’opérateur de satellites français Eutelsat. L’expansion de ces constellations se transforme en enjeu politique, des chercheurs militaires chinois préconisait en mai dans la revue Modern Defence Technology, d’adopter des méthodes d’élimination douce et dure pour faire perdre leurs fonctions aux satellites Starlink et détruire le système d’exploitation de la constellation.