Les décalages de programmes prévus par la LPM reportent le passage au « tout Rafale »

L’Opinion du 6 avril
La loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, qui a été présentée en Conseil des ministres, prévoit des décalages dans le temps de certains programmes. S’ils touchent surtout l’armée de Terre, les forces aériennes sont également concernées, notamment avec le passage du Mirage 2000D au Rafale. Selon le rapport annexé au projet de LPM, le parc d’avions de combat de l’armée de l’Air et de l’Espace et celui de la Marine s'élèvera fin 2023 à 177 appareils : 141 Rafale et 36 Mirage 2000D. En 2030, ce parc aura augmenté avec 37 Rafale (178 au total) et 12 Mirage 2000D (48) qui auront alors achevé leur modernisation, soit 226 avions de combat. Le passage au « tout Rafale » voulu par le Président de la République ne sera donc pas atteint en 2030. Disposer d’un seul type d’appareil au sein d’une force aérienne permet de faire des économies de formation et de maintenance. La Marine, pour son porte-avions, n’aligne que des Rafale (41), depuis le retrait des Super-Etendard en 2016. Pour le moment, le ministère des Armées indique seulement que le retrait des Mirage 2000D se fera « rapidement » après 2032. Si elle est adoptée en l'état au Parlement, la LPM confirmera ainsi la commande de 42 Rafale pour l’armée de l’Air et de l’Espace. Les livraisons s’opéreront entre 2027 et 2032, soit une moyenne de 7 par an, sachant qu’il faut 3 ans pour construire un Rafale, pour un coût de l’ordre de 100 M€. Il n’existe qu’une seule chaîne de montage du Rafale à Mérignac, en Gironde, où l’usine de Dassault Aviation peut produire 3 avions par mois. Or son carnet de commandes est déjà plein, avec 164 Rafale, dont 125 destinés à l’export, soit 5 années d’activité déjà garanties. Avec 87 avions d’affaires Falcon, « c’est le carnet de commandes le plus important de l’histoire du groupe », se réjouit Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation. Outre le Rafale, l’armée de l’Air et de l’Espace aura également besoin d’avions de transport militaire. Son principal appareil est désormais l’A400M, dont la France s’était engagée, lors du lancement du programme, à en acquérir 50. Selon les documents préparatoires de la LPM, elle devrait en aligner « au moins 35 » en 2030 et 2035, contre 22 actuellement. Quant aux drones MALE (Moyenne altitude longue endurance), produits par Airbus, l’armée de l’Air et de l’Espace devrait avoir son 1er système EuroMale en 2030. A terme en 2035, ce système européen devrait remplacer les actuels Reaper fournis par les Etats-Unis.