Peut-on construire un avion sans les matières premières de la Russie ?

Le Parisien du 14 juin
Au cours des cinq dernières années, le cours du titane, minerai stratégique indispensable pour construire un avion, a bondi de 200%. Parmi les plusieurs sortes de titane : celui qui intéresse l’aéronautique, de qualité « premium », représente 8% du marché, soit 200 000 à 240 000 tonnes, et la Russie en produit 30 à 40%, derrière le Japon (environ 50%) et devant le Kazakhstan. La Russie concentrant, à elle seule, 30 à 50% des approvisionnements européens de titane, Airbus cherche aujourd’hui à diversifier ses sources de titane. Ses avions A350, comme les B787 de son concurrent Boeing, intègrent entre 15 et 18% du minerai. L’avionneur américain, qui s’approvisionne majoritairement au Japon, avait annoncé début mars stopper toute importation de titane russe. Après le Japon, qui ne pourra pas fournir tout le monde, tous les regards se tournent vers l’Arabie saoudite, dont les éponges (qui permettent la production de lingots) de titane pourraient être prochainement certifiées « premium ». Autre piste pour gagner en indépendance : le recyclage des chutes du titane aéronautique déjà utilisé en France. « Une pièce utilise seulement un dixième de la matière engagée au début de la chaîne. Les copeaux et les chutes représentent une dizaine de milliers de tonnes en Europe », comptabilise Julien Burdeau, directeur de la transformation et de la stratégie d’Aubert & Duval, qui a lancé Ecotitanium en 2018, une unité de recyclage en Auvergne. « Notre objectif est de produire à terme 4 000 tonnes par an, soit 15% des besoins de l’aéronautique et de la Défense en Europe. » précise-t-il.