Entretien avec Guillaume Faury

Le Monde du 25 mars
Guillaume Faury, CEO d’Airbus et président du GIFAS, accorde un entretien au Monde. Il se félicite des efforts de l’UE en matière d’armement. « Les budgets de défense, qui avaient baissé durant 40 ans, se redressent. La défense retrouve la place qu’elle aurait dû garder pour offrir des garanties de souveraineté, d’indépendance et de prospérité », relève-t-il. « Il est redevenu légitime de financer le secteur de la défense ». En ce qui concerne le Système de combat aérien du futur (SCAF), Guillaume Faury souligne : « Il faut continuer à soutenir les capacités existantes et l’évolution des avions de combat en service comme le Rafale ou l’Eurofighter. Ce faisant, il faut continuer de protéger le financement des phases ultérieures du SCAF. Un moment viendra peut-être où de nouveaux partenaires rejoindront le SCAF [un projet franco-germano-espagnol], ou le programme GCAP [Royaume-Uni-Italie-Japon] ». En ce qui concerne les lanceurs spatiaux, il alerte : « Sur un marché où les Etats-Unis font 90% des lancements, l’Europe ne pèse que pour 10%. Pire, les 3 pays qui comptent et qui étaient jusqu’alors unis, la France, l’Allemagne et l’Italie, sont désormais sur des trajectoires divergentes. La fragmentation est maximale. Une partie des frustrations tient au modèle développé pour concevoir les fusées Ariane avec la clause du retour géographique qui attribue des activités aux pays en fonction de leur participation financière, et non de leur compétence. Ce système a montré ses limites par rapport au modèle plus libéral, plus privé et moins politique des Etats-Unis. Il faut trouver un modèle moins contraignant et reposant sur une vision européenne ». En ce qui concerne l’environnement, Guillaume Faury souligne : « le transport aérien représente aujourd’hui environ 2,5% des émissions de CO2 mondiales. Nous sommes totalement engagés pour traiter cette partie du problème et décarboner. Ces 2,5% sont relativement stables depuis 30 ans, malgré la croissance du secteur, ce qui témoigne des progrès technologiques accomplis sur nos avions. L’aviation est un moyen de transport extrêmement adapté au monde moderne, qui correspond aux enjeux de protection des écosystèmes ». Il ajoute : « Je suis favorable à la modération de l’utilisation de l’avion. En revanche, vouloir réduire artificiellement notre activité, c’est une forme de modération excessive ».