Espace : les patrons des filiales spatiales de Thales et Airbus veulent préserver le rang de l'Europe

Le Journal du Dimanche du 13 février
À la veille du 16 février, qui réunira à Toulouse les ministres européens chargés de l’Espace, la filière française se mobilise. « Alors que les cycles d’innovation s’accélèrent, nous devons conserver notre leadership dans l’espace, ce qui suppose une hausse des investissements européens. Cela nous permettra de maintenir notre rang face aux États-Unis, où les investissements atteignent 40 Md€ par an, au lieu d’environ 8 Md€ en Europe », souligne Hervé Derrey, PDG de Thales Alenia Space (TAS). Preuve de la détermination du camp français, Hervé Derrey et le DG d’Airbus Espace et directeur des systèmes spatiaux chez Airbus Defence & Space, Jean-Marc Nasr, ont choisi de détailler au JDD leurs positions communes. Réuni au sein du GIFAS, le tandem a élaboré de concert avec les autres acteurs 10 propositions pour renforcer l’industrie spatiale européenne. Ce projet, baptisé SpacEarth Initiative, insiste sur l’importance du spatial dans la vie quotidienne, en particulier pour lutter contre le dérèglement climatique, et sur le défi du nombre croissant de débris spatiaux. « La gestion des débris spatiaux et du trafic en orbite devient un sujet de préoccupation majeure. La France est précurseur et a mis une réglementation en place. Nous soutenons une démarche similaire à l’échelle mondiale du cadre existant en France, pour que l’espace reste un environnement durable. Les mêmes règles doivent s’appliquer à tous », suggère Hervé Derrey. Si le volet spatial du plan de relance France 2030, présenté en octobre 2021, prévoit une enveloppe de 1,5 Md€, « un financement européen d’envergure se révèle indispensable pour exister face aux acteurs américains, qu’il s’agisse des lancements, des satellites ou du traitement des données », estime un entrepreneur du secteur. Et la filière tricolore « représente 48% de l’industrie spatiale européenne », confirme Jean-Marc Nasr. Pour lui, l’Europe n’est pas à la traîne des États-Unis : « Seule Ariane 5 avait la capacité et la précision nécessaires pour le lancement du télescope James Webb en décembre ».