La guerre en Ukraine place les industriels français de l'armement en première ligne

L’Usine Nouvelle du 8 février
Depuis l’invasion de l’Ukraine par les forces russes, les usines d’armement et leur approvisionnement sont devenus un enjeu majeur, la France équipant les soldats ukrainiens en puisant dans ses stocks. Emmanuel Macron a mobilisé les industriels dès juin 2022 au salon de l’armement Eurosatory, à Villepinte, en imposant le concept d’économie de guerre. Depuis septembre 2022, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, reçoit les dirigeants des industries de l’armement : Arquus et de Nexter (équipements terrestres), Dassault Aviation (aviation de combat), MBDA (missiles), Naval Group (navires militaires), Safran et Thales (aéronautique et électronique de défense), avec pour objectif de remettre au premier plan la production des systèmes d’armes alors que jusqu’ici, l’innovation et la R&D pour se préparer aux conflits du futur avaient la priorité. Dans un contexte compliqué : hausse des coûts de l’énergie, supply chain fragilisée, pénurie de composants électroniques, ressources humaines en tension, le défi ne va pas de soi pour une industrie habituée à produire à la commande pour l’État. « À court terme, il est très difficile de réagir », reconnaît Guillaume Faury, Président du GIFAS. Des marges de manœuvre existent, notamment en investissant dans des outillages plus performants et en élargissant les fonctionnements des usines. Il faudra aussi reconstituer du stock pour monter en cadence et réduire les cycles de productions. Enfin, l’industrie de Défense peut faire valoir son statut d’industrie souveraine. A l’instar de ce qui se fait déjà aux États-Unis, le ministère des Armées réfléchit à un mécanisme légal de « priorisation » des commandes de Défense sur les commandes civiles pour réduire les risques de rupture d’approvisionnement. Afin ne pas dépendre de fournisseurs étrangers, il souhaite aussi favoriser des relocalisations. Le ministère des Armées réfléchit par ailleurs à une réserve militaire industrielle. Qui consisterait en un vivier de renfort composé des techniciens et des ingénieurs du secteur de la Défense.