Les atouts de l’Europe face aux Etats-Unis pour la production de carburants durables pour l’aviation

Le Monde et L’Usine Nouvelle du 5 avril
Des inquiétudes émergent concernant l’avance que les Etats-Unis prendraient en termes de production de carburants durables (Sustainable Aviation Fuel ou SAF), alors que l’Union Européenne privilégierait des normes contraignantes pour la décarbonation du transport aérien. Les carburants durables constituent le levier le plus efficace pour réduire l’empreinte carbone de l’aviation, car utilisables dans des appareils existants. Le défi est maintenant de collecter suffisamment de ressources (huiles usagées, déchets forestiers…) pour produire à hauteur des immenses besoins, tout en limitant le surcoût de ces nouveaux carburants. Il faudrait en effet passer d’une production mondiale de 80 000 tonnes de SAF en 2021 à 360 millions de tonnes en 2050, selon l’Association du transport aérien international (IATA). Malgré tout, l’enjeu de la montée en puissance des SAF ne se borne pas à la taille des investissements. « Certes les Etats-Unis soutiennent largement la production de SAF via l’IRA, mais cela n’offre pour autant pas de visibilité pour les compagnies aériennes et les producteurs d’énergie, considère Nicolas Jeuland, expert carburants futurs chez Safran. En Europe, les aides sont plus diffuses et moins massives, néanmoins la feuille de route en cours de discussion fournit une vraie visibilité à long terme ». En Europe, le taux d’intégration de SAF devrait passer de 5% en 2030 à 32% en 2040 et 63% en 2050. Les débats entre la Commission, le Parlement et le Conseil européen devraient être finalisés d’ici quelques semaines.