Les compagnies françaises toujours en manque de carburant d’aviation durable

Les Echos du 26 janvier
En 2024, le taux d'incorporation obligatoire de carburant d'aviation durable (CAD) en France est passé de 1% à 1,5%, alors que la production nationale est encore inexistante et qu'une taxe spécifique, la « Tiruert », alourdit leur coût. Sur les projets de sites de production de CAD annoncés, aucun n'est encore entré en phase de production. Le plus avancé, la raffinerie TotalEnergies de Grandpuits, en Normandie, ne commencera à fournir qu'en 2025 et les autres sites ne démarreront pas vraiment avant 2028. Les compagnies françaises sont toujours obligées d'importer la totalité des biocarburants nécessaires pour respecter la contrainte légale française. En 2023, les compagnies du groupe Air France-KLM ont consommé quelque 80 000 tonnes de CAD, soit 16% de la production mondiale, faisant une fois encore d'Air France-KLM le 1er acheteur mondial. Les compagnies aériennes européennes craignent que la production de CAD n'augmente pas assez vite pour satisfaire aux obligations légales et faire baisser les prix. D’autant plus que les pénalités prévues dans le dispositif européen « RefuelEU » à partir de 2025, se traduiront par un ajustement de la taxe française. Si le montant de la « taxe incitative » devrait être de l'ordre de 3 500 € la tonne d'équivalent CAD, cette pénalité ne sera plus libératoire. La compagnie qui n'aura pas respecté le mandat d'incorporation devra ajouter les quantités manquantes à celles de l'année suivante. En l'état actuel des prix, le surcoût pour Air France serait de 1 Md€ par an en 2030.