Titane : quelles sont les alternatives à l’approvisionnement russe ?

La Tribune du 22 juillet
La Tribune consacre un dossier sur les chaînes d’approvisionnement du titane, dont l’industrie aéronautique et spatiale est fortement dépendante. La question pour les industriels occidentaux de s'émanciper provisoirement ou définitivement des approvisionnements venus de Russie se pose plus que jamais depuis 2014. Guillaume Faury, CEO d'Airbus, résumait la complexité de la situation lors de l'assemblée générale de l'IATA le mois dernier : « Si la Russie sanctionne l'Occident ou le reste du monde en arrêtant les livraisons de titane, elle pourrait tout simplement faire disparaître VSMPO-Avisma (le géant du secteur) à long terme. C'est l'un des rares domaines d'activité où il n'est dans l'intérêt d'aucune des parties de perturber la situation actuelle ». Guillaume Faury dit être prêt à stopper les approvisionnements russes, assurant « être entré dans la crise avec 6 à 12 mois d'inventaire en stock sur le titane et les pièces en titane, ce qui donne le temps d'activer les sources secondaires ». Boeing, de son coté, a annoncé une suspension de ses achats au géant russe, même si elle ne devrait pas être effective avant fin 2022. Sur 240 000 tonnes produites par an, le Japon en représente la moitié, la Russie 30% à 40%, et le Kazakhstan le reste. La Chine est un producteur majeur d'éponges de titane, mais très peu de qualité aéronautique. L'Arabie saoudite pourrait offrir une nouvelle alternative dans les prochaines années, mais sa production doit encore obtenir la qualification aéronautique. Le défi est maintenant de monter des filières alternatives capables de livrer du titane de qualité aéronautique en quantité suffisante. La création de la coentreprise Ukad entre Aubert & Duval et son partenaire kazakh UKTMP en 2008, est aujourd'hui complétée par le développement de la filière EcoTitanium, fondée sur le recyclage des importantes chutes de titane issues de la production. Avec un objectif de production de 4 000 tonnes par an, EcoTitanium pourrait représenter 15% à 20% des besoins de l'aéronautique et de la défense européennes. L'État a aussi renforcé son dispositif avec la mise en place de deux « task force », l’une chargée d’obtenir des informations précises sur la durée des stocks d'approvisionnement, l’autre pour sécuriser des approvisionnements nouveaux et s’assurer du développement de la filière recyclage.