Vols à vide : polémique suite aux propos du PDG de Lufthansa

Les Echos du 12 janvier
Alors que le PDG du groupe Lufthansa, Carsten Spohr, a affirmé, peu avant Noël, qu'une réglementation européenne allait l'obliger à opérer 18 000 vols à vide cet hiver pour ne pas perdre de précieux créneaux horaires aéroportuaires, ces propos suscitent des remous. En fait de vols vides, le problème de Lufthansa serait plutôt de ne pas pouvoir annuler à sa guise des vols insuffisamment remplis pour être rentables et ces déclarations relèveraient plutôt d’un coup de communication. En effet, la réglementation européenne qui prévoit l'obligation pour les compagnies aériennes d'utiliser au moins 80% de leurs créneaux horaires a déjà été largement assouplie et n'impose nullement de voler à vide : réintroduite en mars 2021, elle n’impose qu’un seuil de 50%, correspondant au niveau moyen de reprise du trafic. Or, alors que des compagnies comme Ryanair ou Air France sont parvenues à remettre en service autant de destinations et de vols que possible, Lufthansa a fait le choix de réduire drastiquement sa flotte et de se séparer de 20% de ses effectifs, pour ne conserver que la part d'activité rentable. Résultat, dès 2021, le groupe allemand a pu rembourser la totalité des aides publiques, soit 3,5 Md€. Mais le trafic de Lufthansa était encore en retrait de 59%, contre 46% pour Air France. Et Lufthansa est la compagnie qui a supprimé le plus de vols sur son programme d'hiver (30 000). D'où l'hostilité de son PDG au projet de la Commission européenne, qui souhaite relever le seuil d'utilisation des créneaux à 64% pour la prochaine saison d'été pour accompagner la reprise.